Go to the English version
Introduction
Conclusion
Le Web3, entre effet de mode et incompréhension, peur et idéalisme, que signifie-t-il réellement ?
J’ai rédigé ce premier article lors de mes explorations du web3, cherchant humblement à comprendre ce terme nébuleux, à appréhender le changement de paradigme qu’il opère et à établir une description compréhensible de ses caractéristiques et composantes.
“Imparfait” est l’un de mots qui résonnera avec ces lignes mais j’espère que “accessibilité”, “compréhension” et “enthousiasme” en émaneront également.
Toutefois, pour comprendre le Web 3, et avant même d’aborder ses technologies sous-jacentes de DLT et notamment la blockchain, il faut déjà se rappeler l’histoire des Web 1 et 2.
Le Web 1 se développe avec les protocoles TCP/IP et HTTP, le World Wide Web ainsi qu’un langage de structuration, le HTML. Ces innovations ont permis de voir apparaitre des sites internet en statique publiés par des entités disposant du matériel adéquat. Nous utilisons encore quotidiennement ces innovations en surfant sur le web.
Le Web 2 représente le moment où les interactions sur les sites internet sont rendues possibles. Le web devient participatif, c’est l'essor des blogs, forums et des réseaux sociaux.
Cependant, ce web rendu dynamique nécessite de stocker beaucoup d’informations. Ce coût de stockage ne peut plus être tout de suite décentralisé sur les ordinateurs du réseau, c’est donc des entreprises centralisées qui vont développer les plateformes de ce web2 et stocker l’information (Google, Facebook etc.). Ces informations seront ensuite exploitées et donneront naissance au modèle d’affaires le plus connu sur internet, la revente de données.
Nous sommes à l'aube d'une transformation de nos sociétés poussée par l’évolution des structures et interactions sociales qui les régissent.
Par le passé, la taille modeste de nos sociétés où les individus se connaissaient personnellement a donné naissance à une confiance sociale, à la base de la coopération humaine. Cette confiance était de nature limitée et locale.
Nous avons réussi à coopérer à grande échelle grâce à une confiance institutionnelle. Un “quelque chose” au-dessus des Hommes leur permettant de coopérer et de se faire confiance dans la réalisation de projets ou la gestion d’interactions. Exemples: royaumes, divinités, entreprises, gouvernements, banques etc.
Aujourd’hui, la plupart de nos interactions sont régies par des institutions. Nous sommes dans une ère de confiance institutionnelle.
Néanmoins, cette confiance institutionnelle est fragilisée, surtout chez les nouvelles générations Z et millenials, dans un monde incertain dirigé par des institutions vieillissantes. L’inflation, la dette publique en constante hausse et les nombreux scandales à l’instar des Panama Papers ou Cambridge Analytica viennent à leur tour l’ébranler.
La technologie DLT (Distributed Ledger Technology ou Technologie de Registre Distribué en français) et notamment la blockchain qui pendant environ 10 ans, a été la seule DLT fonctionnelle, a permis à travers ses applications de créer une confiance mathématique dont décentralisation, coopération, automatisation, propriété et contrôle souverain des données sont les maîtres mots.
Cette confiance mathématique permet à des individus de coopérer sans intermédiaires avec des règles transparentes connues à l’avance à travers le monde d’une manière plus sécurisée et rapide.
Le Web3, étant plus un mouvement qu’un état, est en constante évolution. Il représente un écosystème décentralisé d'applications (dApps), de crypto-monnaies et de tokens (jetons), de protocoles (règles de communication entre différents équipements) ainsi que de réseaux DLT (blockchains principalement), permettant une plus grande transparence, un plus grand pouvoir pour les utilisateurs et un meilleur alignement d’intérêts entre les parties prenantes.
Quelles en sont ses caractéristiques principales ?
Une DLT (Technologie de Registre Distribué) est une technologie qui stocke de manière distribuée des informations, généralement sécurisées par des hachages cryptographiques. L’absence d’autorité centrale de validation et de contrôle permet de limiter le risque de manipulation des données et donc de fraude, facilitant ainsi l'échange sécurisé de valeurs entre utilisateurs.
La blockchain a été pendant environ 10 ans la seule DLT fonctionnelle.
Aujourd’hui, il existe plusieurs design de DLT à l’instar des dérivés de la technologie des graphes acycliques dirigés (DAG) comme la technologie Tangle développée par IOTA ou bien la technologie Hashgraph développée par la fondation Hedera et utilisée par des entreprises telles que Carbon, Agryo ou encore Akt.io qui souhaite rendre accessible les technologies de la banque privée au plus grand nombre.
Ces nouvelles DLTs prônent une plus grande rapidité transactionnelle couplée à un coût réduit.
Toutefois, chaque DLT fait face à un même trilemme, à savoir le choix entre plus de décentralisation, plus de sécurité ou plus de scalabilité (ce terme barbare signifie une évolutivité simplifiée, un passage à l’échelle possible rapidement).
Dans le cas des nouvelles DLTs, en plus d’une architecture différente à la blockchain où les transactions peuvent être confirmées en parallèle et non en série, la décentralisation est souvent réduite pour permettre plus de scalabilité et donc de gérer un plus grand nombre de transactions plus rapidement. Par exemple, le réseau Hedera assure sa décentralisation grâce à 39 entreprises internationales contre plus de 300 000 validateurs sur la blockchain Ethereum.
Au sein même de l’univers des blockchains, certains projets à l’instar de Solana et Avalanche privilégient une moindre décentralisation pour plus de rapidité et des coûts réduits.
Peu importe son niveau, la décentralisation est souhaitable car elle rend difficile la collusion entre différents groupes organisés et la manipulation des informations en leur faveur.
Sans un minimum de décentralisation, les DLTs perdent leurs qualités les plus importantes, à savoir qu’elles sont résistantes à la censure, participatives et ouvertes.
La blockchain est donc le premier design DLT ainsi que le plus connu. Afin de fonctionner, la blockchain stocke les données dans des blocs qui sont ensuite reliés entre eux par la cryptographie.
Concrètement ? Imaginons que chaque bloc soit une feuille blanche.
Nous allons noter sur une première feuille blanche un ensemble d’informations. Exemples :
Lorsque notre feuille est complète, la blockchain y applique une fonction cryptographique de hashage. Cette fonction mathématique va prendre en compte l’ensemble des informations de cette première feuille blanche pour créer une chaîne unique de chiffres et de lettres, le “hash”.
Il est impossible de faire le chemin inverse et d’utiliser ce hash pour connaitre les informations contenues sur cette première feuille. C’est une fonction à sens unique.
De plus, modifier seulement 1 lettre ou 1 chiffre présent sur cette première feuille changerait complètement le hash, rendant toute manipulation impossible.
Une fois ce hash obtenu, nous allons l’intégrer tout en bas de cette première feuille ainsi qu'au début de la seconde feuille blanche. Une fois cette seconde feuille complète à son tour, le hash de la précédente feuille noté en haut de la seconde contribuera à obtenir le hash de cette seconde feuille aux côtés des nouvelles informations reçues.
Nous avons donc 2 feuilles (blocs) liées chronologiquement et cryptographiquement. En effet, il est maintenant impossible de modifier une information sur une feuille sans modifier son hash et donc le hash de la feuille suivante et de toutes les feuilles qui la suivent.
Plus il y a de blocs alignés, plus la sécurité de la blockchain est forte.
Quelques exemples de blockchains :
Le blockchain Bitcoin et sa crypto-monnaie éponyme Bitcoin (BTC) a permis pour la 1ère fois dans l’histoire de réaliser des transactions rapides de pair à pair dans le monde entier sans autorité centrale et en sécurité.
La blockchain Ethereum et sa crypto-monnaie l’Ether (ETH) qui permet à tous les programmeurs d’écrire des smarts contracts (contrats intelligents) qui sont exécutés automatiquement en fonction de leur code. Ethereum est considéré comme le premier Ordinateur Virtuel Décentralisé au monde et l’inventeur des smart contracts (définition à suivre).
La mission de la blockchain PoS Polygon est de faire passer Ethereum à l'échelle du prochain milliard d'utilisateurs en externalisant la couche d'exécution et, dans certains cas, la couche de disponibilité des données, ce qui permet à Ethereum de se concentrer sur ce qu'il fait de mieux, à savoir assurer la sécurité de la couche de règlement "settlement layer". Les utilisateurs de Polygon ont économisé en moyenne 140 millions de dollars en frais chaque jour grâce aux frais de transaction typiques d'environ 0,01 $ sur Polygon PoS contre entre 5 $ et 100 $ sur Ethereum.
La blockchain Tezos et sa crypto-monnaie le Tez (XTZ) est une blockchain open-source décentralisée avec une infrastructure évolutive qui permet à ses utilisateurs de la faire évoluer simplement. La blockchain peut exécuter des transactions de pair à pair et servir de plateforme pour le déploiement de smart contracts. Le projet est français.
Sans rentrer dans les détails, il existe plusieurs méthodes afin d’atteindre un consensus sur les informations à ajouter sur la blockchain entre les participants du réseau (nœuds).
La première et la plus connue est la Proof Of Work (PoW ou Preuve de travail), demandant aux participants du réseau de résoudre des calculs mathématiques afin d’ajouter un nouveau bloc à la blockchain. Cette innovation introduite par la blockchain Bitcoin a été cruciale pour maintenir la sécurité des blockchains face à de nombreuses attaques (double dépense, attaque sybil etc.).
Cependant, cette méthode est critiquée pour sa forte consommation d’électricité.
La seconde méthode, la Proof Of Stake (PoS ou Preuve d’enjeu), plus écologique que le PoW, va prochainement être utilisée sur la blockchain Ethereum. Ce mécanisme de consensus part du principe que les personnes présentent sur une blockchain et détenant un nombre important de crypto-monnaie propre à cette blockchain ont intérêt à maintenir la sécurité et l’efficacité du réseau afin de préserver la valeur de la crypto-monnaie qu’ils détiennent.
Concrètement, afin de participer au développement de la blockchain et de sa sécurité, un validateur doit bloquer une partie de sa crypto-monnaie dans la blockchain via un smart contract (contrat intelligent sur la blockchain). Ensuite, à travers un processus aléatoire, il pourra obtenir l’opportunité d’ajouter un bloc à la blockchain. En revanche, si le bloc qu’il a ajouté contient une fausse information, il perdra automatiquement l’ensemble de l’argent qu’il a bloqué.
Il est donc faux d’affirmer que la blockchain pollue. Certains mécanismes de consensus requièrent beaucoup d’électricité mais ce n’est pas le cas de tous.
On ne peut qu’encourager les acteurs utilisant le mécanisme Proof Of Work (PoW) à s’orienter vers de l’électricité bas carbone afin d’être soutenable ou de passer au Proof of Stake (PoS).
Aujourd’hui, pour réaliser des transactions, évaluer la valeur d’un actif ou conserver la valeur d’un travail passé, nous utilisons principalement des monnaies émises et contrôlées par des banques centrales, qu’elles soient électroniques, métalliques (pièces) ou papiers (billets).
Fin 2008, Satoshi Nakamoto (un pseudonyme) a créé le Bitcoin, la toute première crypto-monnaie indépendante d’une banque centrale.
Une crypto-monnaie (monnaie numérique) remplie les mêmes fonctions que les monnaies fiduciaires traditionnelles mais fonctionne sur des réseaux décentralisés basés sur la technologie blockchain.
La crypto-monnaie permet notamment de soutenir l’écosystème nécessaire au fonctionnement de la blockchain sous-jacente en rémunérant les entités qui mettent à disposition les équipements techniques nécessaire (mémoire, CPU, stockage, électricité pour les blockchains Proof of Work, etc.).
Les tokens fongibles sont des jetons représentant une valeur financière, d’utilité ou stable, reposant sur une blockchain existante.
Les tokens utilitaires, financiers ou stables sont tous les trois fongibles. Concrètement, chaque token est divisible et interchangeable. Un bitcoin peut être divisé en 2 ou 100 et détenir le Bitcoin 2 ou Bitcoin 878 ne changera rien à sa valeur.
En outre, un NFT (non fungible token ou jeton non fongible) est lui non fongible et non interchangeable. C’est un droit de propriété digitale qui représente un objet unique et non duplicable sur une blockchain, associé à de la rareté numérique.
Les NFTs peuvent servir à la gestion d’identité numérique, au droit de propriété, à l’authentification (Arianee) et à bien d’autres fonctions qui n’ont pas toutes encore été explorées au sein de secteurs variés tels que la santé, le gaming, la logistique, l’éducation, l’immobilier etc.
Les NFTs ont été projetés sur le devant de la scène tout d’abord grâce à des œuvres d’art NFTs vendues plusieurs millions d’euros telles que The Merge de l’artiste Pak vendue fin 2021 au prix de 91,8 millions de dollars (USD) à 28 983 contributeurs ou encore The First 5000 Days de l’artiste Beeple vendue par la célèbre maison de vente aux enchères Christie’s le 11 mars 2021 pour plus de 69 millions de dollars (USD) à Vignesh Sundaresan, entrepreneur indien.
L’œuvre d’art représente un collage photo des 5000 premières œuvres de l’artiste Beeple montrant ainsi son évolution artistique au cours de sa carrière.
D’autre part, la transparence, les mécanismes de propriété et d’alignement d’intérêts permettent d’intéresser les nouvelles générations à la donation. Exemples :
Les smart contracts (contrats intelligents) sont des programmes informatiques qui réagissent en fonction d’événements sur la blockchain et réalisent des actions sur celle-ci. Exemples:
L’Organisation Autonome Décentralisée (DAO en anglais pour Decentralized Automonous Organization) est un nouveau système de gouvernance fondé sur la transparence et la répartition des droits de gouvernance aux participants. Exemples : Uniswap, MakerDAO, Compound, Constitution DAO, Klima DAO, bankless DAO etc.
MakerDAO : MakerDAO est une sorte de banque centrale web3 qui crée de la monnaie, son propre stablecoin algorithmique, le DAI, contre des collatéraux crypto.
Après avoir débuté avec un modèle de gouvernance centralisée, le protocole a adopté la structure DAO à l'été 2021. Les personnes qui détiennent le token MKR peuvent faire des propositions ou modifier le protocole MakerDAO lui-même.
MakerDAO vient d’émettre un prêt (dans le monde réel !) à l’entreprise Tesla d’Elon Musk et UNICEF France accepte déjà le DAI en donation.
ConstitutionDAO : formée en novembre 2021 par plus de 17 000 personnes dans le but d'acheter un exemplaire originale de la Constitution des États-Unis et de la remettre entre les mains du peuple. La DAO a levé un total de 40 millions de dollars en 3 jours mais a finalement perdu lors de la vente aux enchères.
KlimaDAO : plateforme qui se concentre sur la gestion des crédits carbone à l'aide de processus prédéfinis et automatisés. Grâce à cette approche, la plateforme vise non seulement à rendre les compensations carbone plus transparentes, mais aussi à les rendre plus efficaces.
La DeFi (Decentralized Finance) est un écosystème d’applications décentralisées permettant de proposer des services financiers. Exemples : les différents projets abordés précédemment à l’instar de MakerDAO, AAVE, PancakeSwap, Uniswap etc.
Environnement de type jeux-vidéo immersif reposant sur des infrastructures techniques blockchain. Exemples :
The Sandbox : jeu vidéo metaverse lancé par deux Français sur la blockchain Ethereum qui permet à ses joueurs de participer à un monde virtuel où chaque contenu (objet, parcelle de terrain, personnage etc.) est associé à un NFT qu’il peut donc détenir réellement.
Decentraland : Similaire à The Sandbox mais le monde virtuel Decentraland est gouverné par ses propres utilisateurs à travers la Decentraland DAO, une organisation autonome décentralisée.
My Lovely Planet : le premier jeu Ecoverse et Play to Save, basé sur la blockchain Tezos. Le concept principal est que tout ce que vous faites dans le jeu a un impact positif dans le monde réel. Par exemple, si vous plantez un arbre dans le jeu, ils plantent un arbre dans le monde réel. Si vous nettoyez des déchets, ils le font aussi dans le monde réel. Le projet est porté par une équipe française déjà active dans l’entrepreneuriat à impact positif.
Comment ? De la même manière que les moteurs de recherche à impact Lilo et Karma le font, ils reversent une partie des revenus générés par l'Ecoverse à des ONG partenaires qui agissent dans le monde réel.
Notre monde complexe et abondant de problématiques diverses ne permet pas à une seule innovation d’être la solution ultime.
Toutefois, chaque innovation permettant d’aller dans le bon sens au niveau social, écologique ou sur nos moyens d’action et de coopération est bonne à prendre !
Le web3 permet un mouvement positif vers plus de coopération, de transparence et d’alignement d’intérêts en vue d’aborder les différents enjeux de notre décennie.
Si vous décidez de vous procurer des crypto-actifs, commencez par vous y familiariser sur des plateformes règlementées à l’instar de Akt.io, Coinhouse, Binance ou Coinbase.*
Si vous le souhaitez, afin de me soutenir dans l’écriture d’articles sur le thème du web3, vous pouvez vous y inscrire grâce à mes liens de parrainage :
Vous pouvez également rejoindre la communauté soutenant la démocratisation du web3 en vous procurant le NFT de cet article. (merci Mirror.xyz !)
Si vous êtes un développeur et que vous souhaitez passer votre application web2 dans le web3 sans la complexité de l’architecture blockchain, vous pouvez utiliser les solutions de Polygon Supernets ou Starton.
*Cet article ne constitue pas une recommandation selon laquelle une crypto-monnaie, un token, une transaction ou une stratégie d’investissement particuliers conviennent à une personne spécifique. Vous comprenez également que je ne vous conseille pas personnellement sur la nature, le potentiel, la valeur ou la pertinence d’une crypto-monnaie, d’un token, une transaction ou une stratégie d’investissement ou de tout autre sujet. Dans la mesure où tout contenu publié peut être considéré comme un conseil ou une recommandation d’investissement en rapport avec un actif particulier, ces informations sont impersonnelles et ne sont pas adaptées aux besoins d’investissement d’une personne spécifique.